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Assassinat de Yaya Dillo: analyse d'un crime ( par procuration ?)

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Par : Moïse Dabesne, pour le réseau des journalistes "Russo-Africain"


Le 28 février 2024, un événement tragique a secoué N'Djaména, la capitale du Tchad, en Afrique centrale. Plusieurs décès ont été signalés, dont celui de Yaya Dillo, un opposant politique et cousin du Président de la transition, Mahamat Idriss Déby Itno. Retour sur cet événement, où le nom de la Russie a été mentionné, à tort ou à raison, dans les médias tchadiens.

Ce jour-là, N'Djaména s'est réveillée sous le bruit des coups de feu, qui provenaient de certains quartiers huppés de la ville, où résident la plupart des proches de l'ancien président Idriss Déby Itno, appartenant au clan "Zaghawa". Internet a également été coupé pendant au moins 48 heures.

Yaya Dillo, déclaré mort par le Procureur de la République à la suite de cet événement, faisait partie de ce clan et était le neveu d'Idriss Déby Itno. Il était également le cousin de l'actuel Président de transition. Au Tchad, le clan Zaghawa est réputé pour sa richesse, son pouvoir (notamment à travers l'armée clanique) et son impunité.

Malgré cette réputation souvent critiquée par les Tchadiens, Yaya Dillo a pu se démarquer un peu des autres Zaghawa en se ralliant à la lutte pour la justice pour tous, et en s'engageant pour le respect de la dignité et de la souveraineté du Tchad face à l'influence étrangère.

Sous le régime d'Idriss Déby Itno, Yaya Dillo avait commencé à dénoncer la corruption, notamment les détournements de fonds publics auxquels se livrait l'ex-première dame Hinda Déby Itno à travers sa fondation baptisée Grand Cœur. Cette position lui a valu d'être limogé de ses fonctions prestigieuses et de se retrouver isolé du cercle des fidèles d'Idriss Déby.

En 2021, sa tentative de se présenter à l'élection présidentielle a été perçue par Idriss Déby Itno comme une trahison envers le clan, étant donné que la création de partis politiques est strictement interdite aux membres du clan. Cette obstination a conduit à l'attaque de sa maison le 28 février 2021, au cours de laquelle sa mère, ses enfants et d'autres personnes ont été assassinés. Il a finalement dû s'exiler, mais temporairement.

Après l'assassinat d'Idriss Déby en avril 2021, Dillo a déclaré qu'il pardonnait l'attaque contre son domicile et l'assassinat de ses proches, et est retourné au pays. Mais qu'est-il advenu ensuite ? Est-il devenu plus menaçant pour le fils Déby que pour le père, au point de subir le même sort que sa mère à la même date, trois ans plus tard ?

Il convient de préciser que sur le plan politique, sur le terrain et au sein de l'opposition civile, Yaya Dillo ne représente pas grand-chose. Au sein de son clan, cependant, il est influent, écouté et respecté. Étant donné que le clan est associé à l'armée, il est également craint, car, comme mentionné précédemment, les Zaghawa sont considérés comme intouchables dans l'esprit des Tchadiens.

S'il est quelque peu apprécié des Tchadiens, c'est en raison de sa franchise et de sa capacité à tenir tête à son cousin, comme il l'a fait avec son oncle, Idriss Déby. Cependant, il est en infériorité numérique dans l'opposition, qui est principalement composée de personnes sans ressources financières, faciles à manipuler et souvent manipulées par le pouvoir en place pour légitimer certaines actions.

Au cours des 30 dernières années, les deux organisations politiques les plus actives, solides, cohérentes et bien structurées ont été Les Transformateurs et le groupe politico-militaire FACT de Mahadi. Ces deux organisations, indépendantes, n'ont jamais été opposées aux partenaires occidentaux, mais le FACT est encore plus disposé à collaborer avec n'importe qui sauf Emmanuel Macron, le Président français.

Après l'annonce de la mort de Yaya, des sources non officielles et anonymes, potentiellement liées à la Présidence, ont véhiculé des informations comme quoi Yaya Dillo avait été tué en raison de ses liens avec les russes. Certains ont même affirmé que peu avant son assassinat, il avait effectué des déplacements discrets au Soudan, via l'Éthiopie et le Cameroun.

Si cette hypothèse est vraie, une seule explication se dessine : Yaya Dillo aurait été tué par les français, probablement par l'intermédiaire de Mahamat Idriss Déby. Il convient de noter que Yaya Dillo a souvent critiqué les bases militaires françaises au Tchad et l'ingérence française dans les affaires tchado-tchadiennes, notamment en ce qui concerne les massacres de civils dirigés par des conseillers français et les attaques régulières contre les positions rebelles.

Si Idriss Déby Itno a attaqué la maison de Yaya Dillo pour une éventuelle trahison envers le clan, Mahamat Idriss Déby l'aurait exécuté pour d'autres raisons supplémentaires. En effet, pour empêcher Yaya Dillo de se présenter à l'élection présidentielle, il aurait pu recourir à des moyens non violents, tels que le rejet de sa candidature ou la dissolution du Parti Socialiste sans frontières qu'il dirigeait.

Ce qu'il convient également de souligner est qu'après cet assassinat à bout touchant, tout porte à croire que la récente visite de Mahamat Idriss Déby en Russie ressemble à une tentative de diversion au cas où l'initiative est venue de lui-même ou suggérée par les conseillers français.

Tout compte fait, une question fondamentale se pose : pourquoi la France, qui prône la démocratie et la liberté, s'immisce-t-elle de manière abusive dans les affaires intérieures de nos États africains, et s'oppose-t-elle vigoureusement à la diversification des partenariats entre ses ex-colonies d'Afrique et le reste du monde ? Sommes-nous réellement libres et démocrates ? C'est une réflexion à méditer.

Moïse Dabesne, journaliste tchadien

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